9 Mars 2013
Tout d’abord, de son nez délicat il le flaire.
Le frôle ; puis, à coups de langue très petits,
Il le lampe, et dès lors il est à son affaire ;
Et l’on entend, pendant qu’il boit un clapotis.
Il boit, bougeant la queue, et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors, il se pourlèche un moment les moustaches
Avec l’air étonne d’avoir déjà fini ;
Et, comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il relustre avec soin son pelage terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois en reniflant,
Se reverse, ayant pris son museau entre ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
Edmond Rostand, Le petit chat ( Les musardines, 1911)